Disciple de Pasteur, découvreur du bacille de la peste, le docteur Alexandre Yersin fut également un explorateur, un chercheur, un inventeur, un bricoleur… l’un des aventuriers les plus méconnus, mais pourtant parmi les plus exemplaires de la science moderne, et surtout un grand amoureux du Vietnam et de son peuple.

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Portrait d’Alexandre Yersin. Louis Porquet, Paris,1898.

Le parcours d’Alexandre Yersin

Alexandre Yersin est le cadet d’une fratrie de trois enfants. Il grandit sans son père décédé peu avant sa naissance, sa mère élève donc seule ses trois enfants. Alexandre Yersin suit de brillantes études en Suisse, en Allemagne et en France où il étudie à l’Hôtel-Dieu de Paris. C’est ici qu’il rencontre Emile Roux qu’il va le propulser sur le devant de la scène, en lui ouvrant les portes de l’Institut Pasteur. En 1889, il devient le premier préparateur du cours de microbiologie de l’Institut. Il obtient la nationalité française la même année.

En 1890, Alexandre Yersin embarque pour le Vietnam. Il quitte l’Institut Pasteur pour devenir médecin des Messageries maritimes sur la ligne Saïgon-Manille. En 1891, il est affecté sur la ligne Saïgon-Haiphong. En décembre, il obtient un congé des Messageries maritimes et profite de son séjour en Indochine pour explorer les hauts plateaux de Cochinchine et d’Annam. Son exploration complète l’œuvre des 2 grandes missions qui ont révélé l’Indochine à elle même : la mission Doudart de Lagrée et Francis Garnier en 1860, la mission Pavie, toute récente.

En 1893, il crée la ville de Dalat devenue site de villégiature renommé avec l’aide du gouverneur Paul Doumer. Yersin met ensuite fin à sa carrière de grand explorateur et s’établit à ce qui fut à cette époque un petit village de pêcheurs, Nha Trang. Il se lance dans l’élevage de chevaux et de bovins pour la production de ses sérums. Il tente diverses cultures, dont celles de l’hévéa et de l’arbre à quinine. Son laboratoire de Nha Trang s’oriente donc vers les maladies infectieuses chez les animaux, et Yersin étudie activement une autre sorte de peste, la peste bovine, avec laquelle il obtient beaucoup plus de succès.

L’ancienne maison d’Alexandre Yersin à Nha Trang.

Le 20 juin 1894, il découvre le bacille de la peste à Hong Kong, ravagée par l’épidémie. Ses succès et ses initiatives lui valent de devenir le premier doyen de la faculté de médecine de Hanoï en 1902, mais il renonce bientôt aux honneurs pour défendre les intérêts du peuple annamite fort méprisé et exploité, vivant au sein de la population dans le village de Suoi Dau, près du port de Nha Trang.

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Le serum anti-pesteux fabriqué par Alexandre Yersin. Au musée Alexandre Yersin de Nha Trang.

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Les nombreuses décorations attribuées à Alexandre Yersin. A voir au musée de Nha Trang.

Ong nam”, surnom donné par les vietnamiens en rapport avec ses 5 galons d’officier, décède le 28 février 1943, dans sa maison de Nha Trang, pendant l’occupation japonaise. Il est enterré à Suoi Dau, à une vingtaine de km de Nha Trang. Le cercueil est suivi par une foule immense qui tenait à lui rendre homage. Alexandre Yersin fait partie des rares franco-suisse dont le Vietnam d’aujourd’hui honore encore la mémoire. Alexandre Yersin a été nommé à titre posthume, Citoyen d’honneur du Vietnam.

Lorsque les français se sont retirés du Vietnam, le pays a naturellement rebaptisé le nom de ses espaces publics. Mais Louis Pasteur, Alexandre Yersin et Albert Calmette sont les seuls noms français à avoir été conservés. Tel un hommage sans rancune à ces bienfaiteurs de l’humanité, transcendant les vicissitudes de l’histoire franco-vietnamienne.

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L’ancien lycée Yersin de Dalat, aujourd’hui collège pédagogique de Dalat.

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Une plaque de rue aux noms d’Alexandre Yersin et de Louis Pasteur à Nha Trang.

Lieux pour découvrir l’histoire d’Alexandre Yersin

  • Le musée Alexandre Yersin à Nha Trang située dans une belle demeure attenante à l’institut Pasteur. Ce musée expose de nombreux objets et instruments de travail lui ayant appartenu, ainsi que des documents se rapportant à ses multiples activités et témoignant de son inlassable curiosité scientifique. Une petite salle comportant quelques uns de ses plus beaux trésors. A ne pas manquer.
  • Son ancienne maison sur le mont Hon Ba situé à 60 km de Nha Trang. De nombreux objets d’époque demeurent ici dont des bancs et tables en pierre, une table, un petit lit, une bibliothèque… et aussi 2 arbres à thé pluriséculaires.
  • Lire l’excellent livre “Peste & choléra” de Patrick Deville si vous souhaitez en connaitre advantage sur ce personage hors norme.
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