La musique traditionnelle fait partie du patrimoine culturel de chaque pays. Celle du Vietnam est particulièrement reconnue car elle compte cinq sortes de musiques traditionnelles reconnues par l’UNESCO en tant que patrimoine immatériel de l’humanité : musique de cour de Hué, gongs du Tay Nguyen, chants des courtisanes (ca tru), chant alterné (quan ho) et chant d’entrée de la maison communale (hat xoan).

patrimoines mondiaux au vietnam

Les Gongs

le chant xoan

Le chant Xoan de Phu Tho Photographic Art Viet Nam / Shutterstock.comp

Par contre, comme beaucoup d’autres musiques traditionnelles dans le monde, celle du Vietnam est moins connue et intéressée par le public, surtout les jeunes générations, que la musique moderne. Selon le musicien Mai Tuyết Hoa, afin que la musique traditionnelle retrouve le chemin du cœur des Vietnamiens, il faudrait qu’elle ait plus de place dans les médias.

Récemment, apparaissent plusieurs vidéos clip des acteurs occidentaux chanté les morceaux de musique traditionnelle Vietnam en exprimant leur passion pour cette musique étrangère. Ces derniers attirent beaucoup l’attention des Vietnamiens et deviennent des coups de cloche réveillant ceux qui ont oublié leur musique traditionnelle.

En voici une vidéo clip dans laquelle un américain qui chante le “Cải lương” :

Et voici une chanson ancienne “Diễm xưa” qui était très populaire pendant les années 60, écrit par le musicien célèbre Trịnh Công Sơn, réalisé par Lee Kirby, un expatrié au Vietnam.

A travers de cet article, nous voulons donc rappeler tous les lecteurs vietnamiens la beauté de la musique traditionnelle du pays et l’importance de conserver et promouvoir le patrimoine national du Vietnam. Nous voulons également faire découvrir les lecteurs étrangers, les anciens et futurs voyageurs au Vietnam, la culture vietnamienne à travers sa musique.

La musique traditionnelle est extrêmement diverse selon les régions du pays. Il existe par ailleurs des différences marquées entre le Nord, le Centre et le Sud, et aussi entre les zones montagneuses et les plaines côtières.

La musique traditionnelle dans le Nord Vietnam

Le tuồng (ou hát bội)

Le « tuong » ou hát bôi, est un théâtre classique de cour importé de Chine au XIVe siècle. Nettement influencé par l’opéra chinois, il a été introduit au Vietnam au XIIIè siècle par les envahisseurs mongols, jusqu’à ce qu’ils soient repoussés par Tran Hung Dao. Très cérémonieux, le théâtre hat tuong, emprunte sa gestuelle et ses décors à l’opéra chinois. Un orchestre de six musiciens, dominé par le tambour, l’accompagne.

Le hat tuong comprend un nombre limité de personnages caractéristiques, immédiatement identifiables par leur maquillage et leurs costumes symboliques. Ainsi, une face maquillée en rouge représente le courage, la loyauté et la fidélité. Les traîtres et les personnages cruels se blanchissent le visage. Les habitants des plaines ont la figure peinte en vert, les montagnards, en noir. Horizontaux, les sourcils signifient l’honnêteté ; en accent circonflexe, la cruauté, et, tombants, la lâcheté. Selon la façon dont il tripode sa barbe. On peut reconnaître les émotions (réflexion, inquiétude, colère, etc.) qui animent un personnage masculin.

Le chèo

Le « chèo » (« chant comique ») est un théâtre populaire apparu au Xè siècle dans le delta du fleuve Rouge, au Nord du pays, il est considéré comme la plus ancienne forme d’opéra vietnamien existante. Le cheo se distingue tout de même du tuong sur plusieurs points :

  • Le chant du cheo est plus rapide, moins accentué et moins grave
  • Les personnages ne sont pas forcément rois et généraux
  • Les costumes sont plus réels; les décors simples.

On y chante et déclame avec des mots de tous les jours, en recourant à de nombreux proverbes et dictons. La plupart des mélodies sont d’origine paysanne. L’air enjoué du cheo se manifeste à travers le rire et la subtilité. Le bien et le mal sont les thèmes principaux.

Il y a un échange constant entre la foule et les personnages, soit, dao (actrice), kep (acteur), lao (personne âgée), mu (matrone) et he (bouffon).”

Le Ca tru

Le ca trù (ou hát ả đào) est une forme de musique du nord du pays, avec un répertoire composé de chants cultuels, de rivalité ou de divertissement. Il n’y a pas de mélodie fixe car elle varie en fonction de la langue à tons. Cette musique populaire qui aurait été créée par Ả Đào, une chanteuse qui aurait charmé « l’ennemi » avec sa voix tandis qu’elle frappe une planchette de bois avec une baguette, accompagnée par un luth ou un tambour et souvent dansé aussi.

La plupart des chanteurs du genre restent des jeunes femmes. Dans les années 1980, le genre a été revitalisé par le relâchement de la répression gouvernementale.

Le hát chầu văn

Le hát chầu văn ou hát văn ou chầu văn est une musique spirituelle jouée pour invoquer les esprits durant les cérémonies de possession du culte dong bong. Cette musique est populaire à Hà Nam, Nam Dinh et quelques provinces dans le Nord.

Très rythmée, elle recherche la transe, et est chantée par l’un des musiciens qui l’accompagnent à la vièle dan nhi ou au luth dan nguyet. Avant 1986, le gouvernement vietnamien le réprimait ainsi que les autres formes d’expression religieuse. Depuis, le genre a été revitalisé par des musiciens comme Phạm Văn Tỵ.

La musique traditionnelle dans le Centre Vietnam

La musique de Huê est née vraisemblablement sous le règne du seigneur Nguyên, (fin du 17ème siècle, début du 18ème siècle). A cette même époque, les musiciens des seigneurs Nguyên étaient coupés de la tradition musicale du Nord Vietnam, et se trouvaient avec un parler et une musique différents.

Le site de Huê fut choisi comme capitale de la partie méridionale du Vietnam par le seigneur Nguyên Phuoc Trân en 1687. Huê est devenue Capitale Impériale du Vietnam sous le règne de Gia Long, en 1802.

La musique de Huê est née donc vers cette époque. La musique de divertissement, indépendamment de la musique de Huê, avait déjà existé avant cette époque.

La musique de Huê est la synthèse des deux traditions chinoise et indienne d’une part et d’autre part la tradition autochtone de la région de Huê.

Cette musique, aristocratique à l’origine, l’est restée jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale. De nos jours, elle est enseignée dans les conservatoires et les écoles de musique.

festival hué

La musique impériale lors du Festival de Hué.

La musique royale (nhạc cung đình)

Le nhac cung dinh est la musique de Cour (quan nhạc, nha nhai ou nhạc dai noi) de Huê joués sur deux ensembles disparates jusqu’au XXe siècle

La musique élégante (nhã nhạc)

Le nha nhac, littéralement « musique élégante », désigne les divers styles de musique et de danse exécutés à la cour royale vietnamienne du quinzième siècle à la première moitié du vingtième siècle. Il ouvrait et clôturait généralement les cérémonies qui marquaient les anniversaires, les fêtes religieuses, les couronnements, les funérailles et les réceptions officielles.

De tous les genres musicaux qui ont vu le jour au Vietnam, seul le nha nhac peut se targuer d’avoir une dimension nationale et de forts liens avec les traditions d’autres pays d’Asie du Sud-Est.

Les représentations de nha nhac réunissaient autrefois de nombreux chanteurs, danseurs et musiciens vêtus de somptueux costumes. Les grands orchestres, où dominaient les tambours, comprenaient de nombreux autres types de percussions, ainsi que des instruments à vent et à cordes. Tous les exécutants devaient rester extrêmement concentrés afin de suivre scrupuleusement toutes les étapes du rite.

Le Hò Huế

Le hò Huế est un chant mélodieux, rythmique et typique de Huế

Il y a 3 catégories de Hò Huế:

  • Hò nghi lễ (pour les cérémonies) : celui-ci comprend 2 variances : đưa linh et chèo cạn.
  • Hò vui chơi (pour les loisirs) : qui comprend 5 variances hò ru em (berceuse), hò bài thai, hò bài chòi, hò bài tiệm và hò nàng vung.
  • Hò lao động (pour les travaux) : dont plusieurs variances, par exemple selon le métier : hò khau đai, hò khau sòng, hò kéo thác, hò đẩy noốc, hò mái nhì (ou mái đẩy), hò ô, hò lơ, (ce sont des chants d’accompagnement pour relever le cœur des travailleurs) , hò quết vôi (peinture à la base de la chaux),  hò gọi nghé (appel le buffon), hò giã gạo (ou hò khoan) , hò xay lúa, hò nện (ou hò hụi) les chants collectifs pendant la saison de décorticage du riz …

Le point fort de hò Huế est la subtilité de son langage. Les mots sont denses, les dialogues sont typiques de Huê. L’humour est 100% de la cité impériale. Ni vulgarité ni médiocrité. La composition suit les règles des poèmes de “thơ lục bát” (versification alterne entre les vers de 6 et de 8 pieds.)

Le ca Hue

Le ca huê est une ancienne forme de musique de chambre aristocratique liée au divertissement au centre du pays. Le dan huê ou nhạc huế en est la musique, datant du XVIIe siècle. Il est interprété par une chanteuse accompagnée d’un ensemble de trois ou cinq instruments à cordes (luths, cithare et vièles : Ngu Tuyêt : les cinq parfaits) jouant sur les modes bac et nam.

La musique traditionnelle dans le Sud Vietnam

Le Đờn ca tài tử

Le đàn tài tử ou nhạc tài tử est l’équivalent des précédents pour le sud du pays depuis le XIXe siècle. Musique de divertissement destinée aux « amateurs », elle use des mêmes modes mais en y instillant des nuances de caractère sentimental, correspondantes à des états émotionnels. Principalement instrumentale et improvisée, elle se joue avec les cordes dàn tranh, ty ba, dan kim, dan tam, dan co et les percussions song lang.

Le cải lương

Comparé au tuồng et au chèo, le cải lương est un opéra rénové reste encore populaire. Il apparaît au XIIe siècle et traite de thèmes à la fois historiques et contemporains. Il a été adapté au début du XXe siècle, aux innovations modernes et à l’influence française, et peut par exemple inclure des guitares électriques. L’accompagnement est joué par un nhac tai tu notamment. C’est une forme complexe et partiellement improvisée de musique de chambre proche du dan tai tu, musique des « amateurs », du sud du pays.

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Une chanteuse de cai luong maquillée et en costume traditionnel.

Les musiques folkloriques régionales

Le ngâm tho

Le ngâm tho est la poésie chantée folklorique incorporée dans le théâtre et devenue une forme urbaine de musique de chambre depuis 1950. Il s’agit d’improvisation collective non mesurée et accompagnée par des instruments. Le répertoire le plus populaire est formé par le ngam kieu de Nguyen Du, une épopée de 3 000 vers dont on joue des nuits durant des extraits (lay).

Le chant alterné (quan họ)

Le quan họ ou quan họ bắc ninh est populaire à Hà Bắc et dans tout le pays. De nombreuses variations existent, en particulier dans les provinces du Nord. Chanté a cappella, il est improvisé et joué lors de rituels.

Les chants de travail H

sont des chants à répons employés dans bien des professions pénibles.

Les chants populaires Lý

sont des chants d’amour, de nostalgie ou de divertissement.

Les chants Ru

Les mères vietnamiennes ont l’habitude de se servir aussi des berceuses traditionnelles ( hát ru dans le Nord et ầu ơ dans le Sud ) pour dorloter les enfants. Ces berceuses sont d’une manière générale, une occasion pour les femmes, de dire leurs plaintes envers les difficultés de leur vie quotidienne difficile.

Les chants “nhac dam ma”

sont des lamentations funéraires accompagnées d’un petit orchestre (hautbois, flûte, vièles et percussion).

Les ensembles nhac ngu am (« musique des cinq sons »)

se chargent de certains rituels religieux cao-dai. L’ensemble civil van composé de 4 vièles et une percussion peut aussi jouer en dehors de ces occasions. L’ensemble militaire vo, composé d’un hautbois et de percussions joue dans les processions et pour les funérailles.

Le xẩm ou hát xẩm (xẩm chantant)

populaire au nord du pays, remontant au XIVe siècle, est en danger de disparition ; il est joué habituellement par des mendiant itinérant aveugles.

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